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Vendredi 13 juillet 2012 à 13:54

A mon réveil, j’étais pleine de sentiments étrangers, d’une réalité que j’avais imaginée. Encore empêtrée dans le rêve, de ceux dont les pans s’accrochent au réveil, je ne pouvais plus le regarder de la même façon. Peut-être que je suis trop romanesque, peut-être que je suis trop vulnérable quand je dors et que mes boucliers sont abaissés. Parfois les rêves, ces tissus d’émotions pures, se nichent dans l’esprit et dévorent la réalité.
Toujours est-il que je n’étais plus la même. Une chasse stérile, une chasse trophée, une chasse vaine puisque je n’attrape jamais rien. Je chassais. Désormais, je n’existais plus que par le regard de ma proie.
C’était peut-être la fatigue qui me faisait désirer ce surcroît d’existence que procure la chasse. Il n’y a plus d’automatisme puisque chaque geste est compté, chaque mouvement en sa présence est chargé de signifiance. Il s’agit de capter son regard en allant à la photocopieuse, de se pencher sur son bureau un peu plus que nécessaire en demandant une précision, quêter les « merci » qu’il souffle sans y poser quand je pose un dossier sur son bureau. Bien sûr, la proie est insensible à ce manège, elle a mieux à faire. Et même s’il l’était, quel embarras !
Pourquoi je me laisse affecter comme ça par une chimère, un fantasme ?
Il faut juste attendre que le rêve se détache.

Mardi 29 mai 2012 à 13:07

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Il y a une douce jubilation à veiller tard. Je ne parle pas des soirées qui s’éternisent, on ne profite jamais aussi bien de la torpeur quand on est en société. J’aime combattre les toiles du sommeil seule, avec le sentiment que chaque minute supplémentaire est une minute gagnée sur le temps lui-même. La nuit devient un cocon, le temps semble s’étendre à l’infini, une éternité de solitude, de temps pour soi. C’est un temps pour lire ou pour écrire, c’est un temps intime. C’étourdissement devient un compagnon, un confident, presque une fête. Et comme toutes les fêtes, l’addition se paye le lendemain, lorsqu’on s’éveille et que la moitié de la journée s’est déjà évaporée. Alors on vole encore quelques instants aux étoiles, en attendant que la nuit l’emporte.

Mardi 29 mai 2012 à 13:05

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Revoilà les jours d’été et leur temps poisseux, qui s’étirent comme le fil des guimauves. A moi les jours qui s’étendent comme des nuits. Je me souviens du goût des embruns, de l’odeur du soleil qui jouait avec ma peau dans ces jours de paresse où rien n’avait de sens et le monde et sa course et ses horloges détraquée… j’ai banni les aiguilles et les cadrans, je dévore un roman et un jus de fruit, protégée par la caresse du sable liquide qui se glisse sous mes vêtements, la mer me murmure des secrets… je suis loin. Les jours d’été, rien n’a d’importance, car il n’y a ni début ni fin, les jours n’ont plus d’horaire. Je n’ai besoin de rien, le vent me nourrit et l’absence étanche ma soif. Les jours d’été sont une fête qui dure une saison et les chants et les danses sont les échos lointains du jour où il faudra se lever à nouveau, s’étirer et s’ébrouer pour chasser les éclats de chrysalide qui collent aux cheveux et marcher à nouveau, les épaules alourdies par mille nouvelles planètes.

Mercredi 8 février 2012 à 13:06

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Une vie faites de bouts de ficelle, des morceaux d’existence, dans l’espoir que le patchwork en fasse une vraie vie, une vie avec un cœur qui bat. Pourquoi je ne sens pas mon cœur battre.

Je suis restée toute la nuit avec lui, une nuit de confidences et d’étreintes, j’aurai pu ronronner tellement j’étais bien, pendant un moment j’ai cru être amoureuse, et puis je me suis rhabillée.
Ma vie, usée par le vent, un peu râpeuse, sous les doigts d’avoir trop servie.
Le répertoire plein de numéros que je n’ose pas appeler. J’aime croire que c’est moi qui ai le pouvoir, que je laisse sur les âmes une marque indélébile, une cicatrice qui n’en finit pas de brûler, mais je ne laisse qu’une griffure qui s’estompe avec l’aube. Je ne suis pas une fille qu’on a envie de revoir. Je ne suis pas une fille à laquelle on pense pendant qu’on l’étreint.
Les hommes sont comme des épines, je saigne et puis j’oublie. Certains essaient de me mettre à nu avec des mots, on se demande bien ce qu’ils espèrent trouver entre mes os, moi j’aurai peur d’y trouver des organes putréfiés, des chairs à l’agonie, des veines nécrosées, moi j’oserai jamais forcer quelqu’un à ôter son masque.
Comment on fait pour lâcher prise, comment on fait pour ne plus pourrir, comment on fait pour se sentir en vie ?
J’ai perdu le mode d’emploi, je n’ai même plus mal, mes pensées et mes angoisses s’écrasent à mes pieds comme des vagues, leur tapage n’est qu’un lointain murmure, je ne pense plus, je me laisse bercer par l’inconsistance du quotidien, je suis sédatée. Même baiser, ça semble compliqué. J’ose pas rappeler.
J’avais encore envie d’aimer, mais les embryons de mes romances tombent à mes pieds, c’est un charnier. Alors je couds un nouveau lambeau à ma vie effilochée.

Vendredi 2 décembre 2011 à 13:51

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A fond, une histoire d’amour ou une non-histoire d’amour d’ailleurs, un monologue à sens unique, un ratage épique, à se lacérer le cœur, commence toujours par une illusion initiale, une évidence qui s’impose à nous et qui est sans cesse démentie par la réalité, piétinée. Cette impression que si l’autre nous plaît, alors nous ne pouvons que lui plaire, c’est ainsi que les choses doivent être. Parfois, il fut tordre le monde pour le faire rentrer dans notre cadre, dans notre rêve. Parfois, il y a une histoire d’amour, ou même une nouvelle, un haïku d’amour. Mais le plus souvent c’est nous qui sommes tordus, pliés par le monde, encore et encore. C’est ainsi que les choses doivent être.
Certains disent que c’est la meilleure période d’une relation. Au fond, c’est la seule. Le reste, c’est du remplissage. L’avant. Quand on s’épuise à guetter des signes qui n’arrivent jamais, des signes qui n’existent pas, quand on cherche à savoir si on est élu aux yeux de l’autre. Bien sûr, on ne l’est jamais, une histoire d’amour c’est toujours un accident. Voire une erreur. Mais ce n’est pas grave. Tout ce qui compte, c’est la morphine de l’illusion.
Moi, je crois que je préfère l’avant, parce que je me lasse vite. Alors quand on n’a pas encore de droit sur l’autre, lorsqu’il n’y a pas eu d’engagement, c’est plus dépaysant. C’est plus violent aussi, il n’y a pas la douce morsure de l’habitude, du désamour, de la désillusion. Avant, quand on doute, on se sent plus conscient que d’ordinaire. Parce qu’on se rend attentif à chaque détail à sa présence, ses paroles et ses gestes, les autres et ses sourires. Et lorsqu’il est absent, lorsque nos espoirs sont déçus, mille aiguilles traversent notre colonne, afin qu’on reste éveillé, dévoué notre douleur. La déception et la jalousie deviennent des autels, on finit par rendre un culte à sa propre douleur. Parce que ça occupe plus qu’une histoire d’amour.
Je suis peut-être un peu maso. Mais j’aime bien mes chimères.

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