cigarette-and-coffee-milk

Dimanche 24 avril 2011 à 16:33

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Un jour, tu t’es présenté à la porte. Ça, pour une surprise, c’était une surprise. Je ne savais même pas que tu connaissais mon adresse. Je veux dire, on s’était vu trois-quatre fois maximum et c’était il y a plusieurs années. Apparemment tu ne m’avais pas oubliée. Moi je ne t’avais pas oublié.
Tu as alors entamé un monologue étrange, embrouillé, à base de petite amie enceinte, de responsabilités et d’examens de fin d’année. Bref, je n’ai rien compris, à part le couplet final, où tu me demandais de m’héberger quelques jours. Etrangement, j’ai accepté.
C’était pas bon de te voir débarquer dans ma vie comme ça, pas bon du tout.
C’était étrange, comme relation. Il y avait trop de points d’interrogation. Je veux dire, tu devais ne rester que quelques jours, tu t’es installé pour plusieurs mois ; tu passais tes journées dehors mais tu ne me disais jamais ce que tu faisais. Le soir, quand tu me rejoignais dans ma chambre (en dépit de cette inconsistante petite amie dont tu n’as jamais reparlé), tu ne disais jamais rien de personnel ou alors des vieux souvenirs, des banalités. Et pourtant je me souviens de nos petits déjeuners, tu les aimais à l’américaine genre œuf-bacon-toast, tu insistais toujours pour tout préparer mais tu faisais toujours brûler quelque chose, à la fin je me demandais si tu ne faisais pas exprès, parce que tu savais que ça me faisait rire. Pendant un temps, j’ai même cru qu’on était complices. Mais c’était comme si ut me refusais le Finn du présent, celui qui allait être papa et décrocher son diplôme, je n’avais droit qu’à un écho, celui avec qui j’aurai pu vivre une vraie histoire d’amour, il y a quelques années.
Ça fait déjà quelques jours que tu es parti, sans prévenir. Peut-être que je m’inquiète pour rien, tu as laissé une valise. On sonne, je me dis que c’est peut-être toi mais ce n’est qu’un bouquet de fleurs. En guise de carte, une petite enveloppe, avec une adresse et une clef qui tinte en tombant sur le parquet. Peut-être que je m’inquiète pour rien.

Dimanche 17 avril 2011 à 19:09

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Je sais ce que tu as fait pour moi. Tu crois que je l’ignore, mais je te connais par cœur. Bastien ne sait pas ou peut-être qu’il s’en doute. Tu sais comment il est : très loin des réalités de ce bas-monde.
Je me souviens, quand Bastien a emménagé chez nous. C’est vrai que l’appartement était trop grand pour nous deux, et puis confusément je me disais que comme ça il y aurait quelqu’un pour nourrir les chats quand tu aurais une crise et que nous devions aller à l’hôpital.
Notre petit ménage a fait long feu. J’avais le sentiment d’avoir enfin trouvé un équilibre : d’un côté, un petit ami aimant, la tendresse, mon Roméo. Et sous le même toit, celui avec lequel je pouvais parler pendant des heures, débattre, celui qui m’apprenait et m’ouvrait sans cesse les yeux, mon Sartre, mon double. Mais un équilibre trop parfait ne peut pas durer toujours.
C’était un matin ordinaire, tu devais être à l’hôpital, à passer des examens, j’étais dans la cuisine, j’essayais désespérément de communiquer avec Bastien, il avait les yeux dans le vague. Et il m’a embrassée. Comme ça. D’abord trop interdite pour réagir, j’ai fini par le repousser doucement, non pas parce qu’il ne m’attirait pas mais par respect pour toi.
De toute façon, j’étais persuadée que c’était une de ses absences, l’incident était clos.
Je n’aurai jamais pensé qu’il t’en parlerait, comme si c’était signifiant. Et je n’aurai jamais pensé que tu en plaisanterais avec moi, comme si tu n’étais pas jaloux, comme si ce n’était pas important. Comme si tu nous encourageais. Je ne sais pas ce que tu as dit à ton cousin, mais je devine que ça devait être quelque chose de flatteur comme « difficile de résister à une telle femme » entre l’indulgence et l’amertume. Alors on a cédé, lui et moi. Voilà comme tu as, délibérément j’en suis sûre, encouragé une nouvelle idylle sous ton toit. C’est vrai que ce n’est pas grand-chose : la plupart du temps ne semble pas me voir. Mais tu ne peux pas ne rien avoir vu. Tu ne peux rien ne rien savoir. Certains de tes regards, parfois… comme amusé. Alors j’essaye de me convaincre qu’au fond c’est toi qui l’as voulu. Si j’étais tout à fait digne de toi, je partirai. Mais te laisser maintenant, ce serait encore pire. C’est vrai que c’est un réconfort, quand tu as une crise et que tu passes la vie à l’hôpital. Alors pourquoi je me sens si mal ?

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