cigarette-and-coffee-milk

Vendredi 2 décembre 2011 à 13:45

 
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Ça s’est fait très vite. De toute façon, si ça ne s’était pas fait vite ça n’aurait pas pu se faire. A cause de la morale et équivalents, parce que quand on commence à réfléchir on ne peut plus rien faire, on est paralysé. Et puis c’est une fonceuse, le genre « ça passe ou ça casse », le genre à mettre ses tripes sur la table, parce qu’elle a ce besoin d’être acceptée, irrémédiablement, dès le premier regard. Conquérir ou passer son chemin.
Evidemment, c’est Aurélien qui a fait le premier pas, c’est lui qui a pris le risque de s’assoir à sa table. Elle, elle n’a pas suffisamment confiance en elle, elle n’a pas assez d’assurance pour tout tenter avec un tel naturel, avec désinvolture. Et peut-être qu’on lui avait appris à être comme ça, comme une fille. C’est surtout lui qui a parlé, comme s’il avait quelque chose à prouver à cette fille qu’il croise toujours le nez dans un bouquin, comme s’il voulait lui montrer qu’il n’était pas moins valable en tant qu’être humain. Et elle l’a laissé faire, par timidité, et parce qu’elle a toujours peur de froisser. Et pour ne pas aborder les questions gênantes. Bien sûr, Aurélien avait aussi sans doute des cadavres dans le placard, ça se voyait à la marque que son alliance avait laissée.
Ça s’est fait très vite et très vite ils se sont embrassés, elle l’avait laissé prendre l’initiative avec des atermoiements de chat, elle pouvait bien jouer avec lui puisqu’elle était en terrain conquis (les regards qu’Aurélien lui lançait ne laissaient aucun doute là-dessus), elle savourait son succès immédiat, inconditionnel : il était à elle. Et comment aurait-il pu en être autrement, un homme de deux fois son âge, hanté par le sablier, qui repousse le moment de regagner le foyer… En le laissant s’assoir à sa table la première fois, elle avait déjà gagné.
Une victoire de dupes sans doute : elle lui plaisait parce qu’elle était jeune, il lui plaisait parce qu’elle lui plaisait. Rien de glorieux là-dedans, rien de l’héroïque de la relation amoureuse qui pourfend les interdits moraux et la différence d’âge, rien de l’élection réciproque de deux âmes. Le hasard et les névroses, c’est ça qui les avaient réunis. Mais peut-être que ce n’est pas très différent des histoires d’amour ordinaires.
Et leur liaison a commencé sur les chapeaux de roue, carburant à l’interdit, à l’ivresse de la nouveauté, ils se découvraient l’un l’autre avec rage, avec excitation, avec passion, ils ne se rendaient pas encore compte encore qu’ils n’avaient rien d’autre en commun que leur besoin réciproque d’exister par le regard d’un autre, ils ne se rendaient pas compte qu’ils ne s’intéressaient pas réciproquement. Mais qu’importe après tout, une aventure, ce n’est pas destiné à durer, parce que c’est interdit et parce que mentir c’est fatigant, parce que ça s’use vite, parce qu’ils étaient trop affamés pour ne pas chercher rapidement une nouvelle proie. En attendant, ils s’amusaient comme des fous.

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