cigarette-and-coffee-milk

Jeudi 19 juillet 2012 à 20:43

Un orage traverse le ciel tranquille de l’université fermée. Coup de théâtre imprévu en plein mois de juillet, on apprend que l’université n’a pas les moyens de renouveler les contrats des abeilles en septembre et octobre contrairement à ce qui avait été dit.
Ça commence comme l’annonce d’un décès : une responsable prend deux vacataires dans son bureau et leur annonce la nouvelle, le visage grave. Rien ne va plus vite que la lumière, sauf les mauvaises nouvelles, qui obéissent à des lois propres. En deux minutes, tout l’étage est au courant. Chacun y va de son petit commentaire, passant par les stades du deuil : le déni (« non mais vous plaisantez. C’est une blague. Non ? Non ?! »), la colère (trop long pour être reproduit ici), le marchandage (ou du moins le chantage à coups de « c’est pas bien ») ne saurait tarder et l’abattement résigné. Beaucoup d’agitation, de bruissements, de récriminations contre les supposés responsables (responsables de rétention d’information, car le vrai drame, c’est peut-être moins l’annonce du changement de programme que son annonce tardive), d’hypothèses sur le pourquoi et le comment. Impossible d’exprimer une opinion autre que très consensuelle et très scandalisée. Personne n’est à son poste de travail et le couloir est la nouvelle place to be, on commence à organiser la résistance. Une abeille est pendue au téléphone pour tenter de trouver un autre travail pour les mois à venir.
Les abeilles organisent une réunion d’urgence après le travail pour monter un plan d’action, pour prévenir le président de l’université, les médias, le monde. Une lettre émerge, entre hurlement et politiquement correct, pour informer le président qui de toute façon a les mains liées. Il est gentil mais profondément inefficace. Une copie sera envoyée à tout l’organigramme. On ne sait pas trop ce qu’on en attend, puisque les caisses sont vides, mais on crève l’abcès et on signe une lettre dans laquelle on ne se reconnait pas, par soutien du groupe, pour ne pas se faire piquer. Pendant ce temps, les administratifs organisent une réunion d’urgence pour savoir comment gérer la crise (pas le bourdonnement des abeilles lâchement jetées hors de la ruche, mais les mois à venir, en sous-effectif).
Un administratif du genre peste, genre Eris se nourrissant du chaos, profite du climat pour encourager les abeilles à la révolution.
Certains administratifs se résignent déjà, refusant cependant de donner de leur temps et de leur personne pour compenser la bavure budgétaire. Les abeilles aussi, affirmant qu’elles ne sont pas là pour faire des vagues et foutre le boxon (de toute façon, elles ne feraient que se heurter au caoutchouc bureaucratique), mais pour faire leur travail et remplir leur bol de riz. Tout n’est pas perdu, il y a un pot à la fin du mois. Mais le bourdonnement demeure.

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