cigarette-and-coffee-milk

Vendredi 12 août 2011 à 15:18

http://cigarette-and-coffee-milk.cowblog.fr/images/27324292681.jpg

Je marche sous des cieux qui me rappellent un peu la couleur des flammes. Mais peut-être que c’est juste mes idées noires qui teignent le ciel de la couleur du sang. Regardez-moi ce type à la terrasse d’un café, qui souffle des volutes de fumées avec voluptés, au dessus du visage et des seins refaits de quelques blondasses insipides qui lui tiennent compagnie. Bienvenue à New York, la ville qui ne dort jamais. Je n’ai ma place nulle part.
Je n’aurai pas dû venir, je n’aurai pas dû me dire « une occasion comme celle-là, ça ne se refuse pas », ça veut bien dire qu’on y va en trainant les pieds, pour ne pas le regretter. Mais on le regrette toujours. C’est vrai qu’ici au moins je ne vois pas Adrien et son sourire de cocker stupide. L’air de la vie rend plus libre que l’air du foyer. Si seulement je pouvais rencontrer quelqu’un, le percuter violemment, on se projetterait à terre et là, le souffle coupé par l’impact, on pourrait se regarder vraiment. Ici, je pourrais me nicher dans l’anonymat de la grande ville. Je voudrais suivre quelqu’un et soudain perdre pied. Mais ce genre de chose n’arrive que dans les films, quand on sait que le spectateur est en sécurité, lové dans son fauteuil. Moi, je voudrais que quelque chose m’arrive pour de vrai.
Devant moi, une jeune femme se fait happer par un jeune charmeur, il l’entoure de ses bras comme pour l’arracher au monde, comme l’étreinte d’un serpent. En passant, je l’entends chuchoter « s’il vous plaît laissez-vous faire, il ne faut pas qu’on me reconnaisse, je travaille comme consultant pour la police ». En entendant ça, je me retourne, en me disant « encore un beau parleur » et je vois son regard posé sur moi, il me fixe comme s’il voulait fixer mon visage dans sa mémoire et j’ai eu comme le sentiment qu’il chercherait à me retrouver, où que je sois. Je voudrais m’arrêter, revenir sur mes pas, lui parler peut-être, il est peut-être celui que j’attendais. Mais il chuchote à l’oreille de la jeune fille qu’il a enlacé, elle glousse d’un air ravi.
Le ciel est noir comme des larmes, il est temps de rentrer.

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://cigarette-and-coffee-milk.cowblog.fr/trackback/3129959

 

<< Reine blanche | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Reine rouge >>

Créer un podcast