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Lundi 30 septembre 2013 à 23:18

Sur adopte, on peut rencontrer des hommes, des charmeurs et des moins charmants, des séduisants et des moins plaisants, des jeunes et des moins jeunes… Moi, je n’ai pas rencontré un jeune. J’ai rencontré LE jeune. Sur son profil, plusieurs photos de lui avec son chien, il a d’ailleurs choisi comme pseudo le nom du-dit chien. Se désignant comme un geek, « gars sympa, avec un grand cœur, un peu foufou parfois » (là, on sait plus très bien s’il parle de lui ou de son chien), il cherche « une meilleure amie, une confidente, une complémentarité… une femme tous simplement avec ses qualités et ses défauts ». Bref, son annonce est passe-partout. Je ne suis pas sûre qu’on n’en sache beaucoup plus sur lui après avoir lu cette description, à part qu’il a l’air d’être un mec gentil qui aime les chiens. Quelconque, fade, inintéressant. Dealer de bH (bonne humeur) sans licence, il déclare parmi ses hobbies « littérature, sortir avec mes potes, télé, cinéma, soirée ». Bref, un jeune normal, un peu intello (il place la littérature en premier quand même) mais qui sait aussi ne pas se prendre la tête (télé), qui ne sort pas beaucoup (soirée au singulier). Parmi ses musiques préférées : « le top 50 ». Il aime tous les films, les comédies, les comédies romantiques l’aventure, les films d’horreur et les blockbusters (de Star Wars à Twilight. Un geek, mais qui a un côté sensible. Team Wolf, son seul signe distinctif). Enfin arrive le chapitre littérature. Sans surprise, il place le roman en tête, notamment le célèbre MarK Lévy et son ami Guillaume Musso, « etc. ». Déjà, on rigole bien. Ce type se caractérise par sa profonde banalité. Il a les goûts vendus pour plaire à tout le monde, et il l’assume, au point de mettre « top 50 » dans ses préférences sonores (au moins, ça change de temps en temps). Parmi ses productions culturelles préférées, il cite des œuvres plutôt marquées comme féminines, comme Twilight ou deux auteurs au kilomètre à succès, mais il les orthographie mal. Lover en mousse ou terroriste orthographique, mon cœur balance.
Mon cœur balance nettement moins après le premier message. Il est d’une platitude affligeante, à l’image du profil, puisqu’il demande « que cherche une fille aussi jolie que toi ici :P », c’est-à-dire sans doute la phrase d’approche la plus usée de l’histoire de la drague. A question idiote, réponse idiote, je lui dis que je cherche mon chat. En bon gentleman, il propose d’envoyer son chien à sa recherche, qui va le retrouver « en segonde » (le nombre de "segondes" nécessaires à l’opération n’est pas précisé, pas beaucoup apparemment au regard du singulier). Et il enchaine avec un second compliment sur le physique, vu le manque de succès du premier : « tes rousse j’adore sa ». Dans le troisième message, il pose une question (« tu aimes faire quoi dans la vie ? », degré zéro de la conversation) avant d’y répondre lui-même, parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Il aime le cinéma, les jeux vidéos, la musique, sortir avec ses amis, les séries us, la lecture, sa famille, les soirées dansantes, les animaux, voyager, salle de sport, boire un verre et « plein de truc » un peu geek "mdr" (je cite). On dirait un vieux infiltré parmi les jeunes, qui aurait compulsé toute la palette des goûts des jeunes, du sportif au geek, une espèce de croisement contre-nature entre le personnage du quarterback et celui du geek des « séries us », un kikoo-geek illettré. Tous ces paramètres, pourtant pléthoriques, sont insuffisants pour se faire une idée, puisqu’aucune précision n’est donné aux types de production qu’il apprécie.
Par pur amour du sarcasme, je lui demande ce qu’il aime comme livres, ce qu’il entend par « truc un peu geek mdr ». Dans un élan de générosité, je rebondis même sur son affirmation de vouloir créer son propre monde imaginaire et lui demande sur quel support il aimerait le développer. Réponse « n’importe bd, écriture, j’aime le fanstastique sa c’est sur !!!!! ». Je ne sais pas si c’est une réponse à la dernière question, à toutes les questions ou à aucune question. Il lit aussi de la « psycologie et des roman », et plus particulièrement « l’annayse transactionnelle ». Je suis un peu déçue, j’espérais que ce serait « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus », histoire de faire la totale du topo « attrape-fille ». ca sent La communauté de la séduction pour les nuls, un type mainstream que sa graphie rend accessible et proche du peuple, qui assène des vérités universelles comme « le rose c’est l’amour le noir c’est la mort ».
Mais surtout, sous ces abords de type lambda, se cache en fait un cœur tendre et romantique. Visiblement très attaché à la famille (prêt à fonder la sienne ?), il a une affection profonde pour les loups et leur meute, qui représentent la nature, la famille, le coup de foudre (gradation un peu surprenante de mon point de vue). Le coup de foudre, son Graal secret, l’imprégnation twilesque, le moment où « tu voie une fille et boum !!!!!! toute ta vie sa devien elle, elle est ton soleil, tu l'aime tellement que tu change pour elle », ce que personnellement je trouve incroyablement malsaine (un type qui t’aime et t’étouffe dès ta naissance, qui ne voit plus le reste du monde et donc est toujours sur ton dos, c’est pas censé faire peur ?), hétéronormé et écœurante de sentimentalisme (pourquoi ce serait forcément une forme d’amour romantique ? on pourrait d’imprégner d’un frère ou d’une sœur d’âme). Cependant, dans le cas présent, ce ne serait pas forcément une mauvaise chose, si ça pouvait le faire changer. Genre, en une personne qui ne soit pas tirée d’un catalogue.

Mercredi 10 avril 2013 à 1:21

Seuls une très grande misère et un amour certain du sarcasme ont pu me pousser à retourner sur un site de rencontre. Pour ma misère, elle en est au même point, à moins qu’elle ne se soit aggravée, avec beaucoup de temps perdu en plus, mais j’ai encore parlé à de nombreux spécimens, le genre qui ne sort jamais au grand jour dans le monde réel. Je ne sais pas si ce sont mes photos qui les attirent, ou si ils font le coup à tous les profils jusqu’à ce qu’il y ait un être féminin potentiel derrière le pseudo qui accepte de leur répondre, mais j’ai bien ri.
 
Tout d’abord, l’arrivée du printemps ôte aux hommes d’âge mûr toute inhibition. La société patriarcale dans laquelle nous vivons leur font croire que le monde (et notamment les filles de la moitié de leur âge) sont à leurs pieds et qu’elles n’attendent qu’un signe de main virtuel pour les rencontrer. Dommage que je ne sois pas du genre fan des sugar daddy, je n’aurais plus à m’inquiéter pour avoir des relations masculines. Certains ont la décence de tenter l’humour et de faire croire qu’ils vous parlent pour votre personnalité (« j'ai 48 ans... Oui, je sais : 26 ans de différence, je pourrais être votre père… J'ai connu l'époque des téléphones reliés au mur par un grand fil, ce qui fait de moi un dinosaure... et en plus je ne suis pas étudiant en sciences humaines. Mais votre fiche mérite bien un charme. » Justement je peux aspirer à quelqu’un qui ne fera pas de moi une coureuse de dot). Du coup ils vouvoient, histoire de bien marquer l’écart dès le premier message, rien de mieux pour briser la glace. Certains tentent de le faire oublier par un langage qui se veut subtil en vous expliquant qu’ils sont sensibles à votre visage (le visage, mais bien sûr), « de quoi m’exciter tout seul dans mon coin… ou partager cette excitation avec vous ? ». Vous faites bien de poser la question, c’est non. Faute de réels arguments (c’est-à-dire leur jeunesse), ils n’hésitent pas à se présenter comme un challenge, à base de « à vous de voir si vous avez envie d’ « expérimenter » un amant plus âge », mode « plug’n’play », en mettant en avant les avantages de « l’expérience », qui « a un côté hors de l’ordinaire qui change ». Je me vois répondre « vous avez raison, j’ai fait le tour des hommes de ma génération, c’est d’un lassant ». Mon préféré est quand même « Fiftyshades », 15 ans de plus que moi, crâne rasé et vraiment pas très séduisant, qui me demande ce qui m’a décidé dans son profil à le laisser me parler. Je lui réponds que c’est la curiosité, le goût du sarcasme et la recherche du temps perdu, dont il était fait mention dans son profil, ce qui est suffisamment rare pour lui laisser une chance (ma sapiosexualité me perdra). Imperméable à ma franchise espiègle, il me demande si j’ai « mesuré l’écart de nos ans ». J’aurais dû lui répondre que non, vu que je n’ai pas de double décimètre. Ensuite, il souligne l’écart de la « maturité de nos goûts » (comme si le SM était une question de maturité et pas de préférence personnelle…) et me demande « qu’en pensez-vous ? n’avez-vous pas peur ? ». Dans la mesure où on ne se rencontrera jamais, je le vis plutôt bien.

Ça doit être le fait de ne pas se rencontrer tout de suite, mais les hommes des sites de rencontres sont obsédés par l’explicitation des intérêts mutuels. En gros, ils veulent vous dire pourquoi ils ont commencé à vous parler et veulent savoir pourquoi vous avez commencé à leur parler. Dans la vie réelle, on attend juste que les choses se mettent en place toutes seules mais sur les sites de rencontres, il faut savoir pourquoi on se parle, peut-être pour se découvrir des points communs, peut-être dans l’espoir de marquer des points par une avalanche de compliments, peut-être dans une logique d’optimisation afin de mettre l’accent sur ce qui marche. A part quelques hommes qui tentent de révolutionner les rapports entre les sexes en jetant la galanterie aux vestiaires et en vous expliquant qu’ils vous « aurai[ent] bien baisé », la plupart expliquent que tu es bien jolie, ce qui est doublement stupide comme entrée en conversation parce qu’il n’y a rien à répondre à part merci et parce que les personnes sont rarement aussi jolies que la photo de profil voudrait le faire croire. A l’inverse, certains sont turlupinés par le « comment tu me trouves physiquement ? », le genre de questions qui découragent toute réponse sincère. Le pire, c’est ce type avec qui j’ai mis la webcam. 10 minutes après le début de la conversation, il me demande « tu me trouves comment ? ». La réponse étant « affreux », je louvoie en arguant que je préfère ne pas répondre, vu que ce n’est pas le genre de questions qui amènent des réponses sincères. Il aurait dû se douter que la réponse était contenue dans ma non-réponse, mais vaille que vaille, il veut une réponse honnête, dit-il. Il insiste pendant 15 minutes, malgré mes évitements polis. Mon silence agacé ne lui met pas la puce à l’oreille, il me demande si je suis têtue, en mode hôpital qui se fout de la charité.
 
Il n’y a rien de pire que les types qui demandent « qu’est-ce que tu cherches ? ». Sur un site de rencontres, c’est quasiment rhétorique. Mais ils la posent quand même. Que répondre si on veut éviter le scabreux, le prudent « faire des rencontres, c’est un site de rencontres non ? » ne les contentent généralement pas (comme dans ce morceau de bravoure : « - que cherches-tu ici ?! – à faire des rencontres. Et toi ? – une aventure ! et toi », avant d’enchainer sur le très urbain « tu as des tabous des fantasmes ? »), pas plus que les doux euphémismes comme « amitié-câline » ou « friends with benefits », qui ne signifient rien de moins que « du sexe, mais pas avec le premier venu ». D’emblée, ils obligent leur interlocutrice à se placer dans un camp : celles qui disent chercher une histoire « sérieuse » par indécrottable romantisme ou indécrottable volonté d’éviter les hommes un peu trop pressants ou celles qui prennent le risque d’avouer qu’elles sont sur un site de rencontres justement parce qu’elles cherchent un certain type de rencontres, au risque de rentrer dans la catégorie « fille publique ». Le plus agaçant, c’est que souvent ce genre de détails est généralement précisé sur le profil, justement pour éviter cette embarrassante question qui brise l’illusion qu’on s’inscrit dans un site de rencontres pour se faire des amis de l’autre sexe. Clairement, il s’agit d’une ruse pour obliger la fille à révéler que oui, elle a une libido, comme un homme quoi. Et la pousser à accepter implicitement une possible conclusion heureuse au rendez-vous, même si le type n’est pas à la hauteur de leurs attentes. A moins que ce soit le moyen d’aborder tout en douceur la question des préférences sexuelles, le genre de points à aborder impérativement avec quelqu’un qu’on n’a jamais rencontré.
 
Toutes ces précautions ne suffisent généralement pas, certains traduisant très rapidement « amitié-câline » par « on baise ? ». Ainsi, un charmant jeune homme ayant insisté pour avoir la réponse à la fameuse question « mais que cherches-tu ? » demande « quels sont les critères pour partager un câlin avec toi ? » avant de proposer une rencontre à 23h33. 23h33, un peu tard pour se retrouver dans un lieu public, c’est-à-dire la moindre des précautions pour rencontrer un inconnu. Qu’à cela ne tienne, il propose de s’inviter chez moi avec un manque total de délicatesse et d’à propos, en expliquant que « ça peut être magique non ? ». Argument imparable. Je peux aussi commander une pizza, le rendez-vous avec le livreur ou la livreuse pourrait être magique. Rien, ni la fatigue (« tu peux faire une sieste avant que j’arrive »), ni l’évocation du doute qu’on ne sait jamais qui se cache derrière le profil (« si c’est pas moi, tu m’ouvres pas ». tout va bien alors !), ni les refus répétés ne le découragent. De rage, il demande alors à la fille de cesser de lui parler parce qu’il « savai[t] que c’était pour faire parler les bavards ! ». A-t-il conscience de la différence entre accepter de rencontrer un type dans l’optique de coucher avec et l’inviter chez soi en pleine nuit ? Apparemment, non. Si tu ne te mets pas en danger, tu es une allumeuse.
 
Les sites de rencontres permettent également de faire une toile de empreintes virtuelles qu’on laisse sur le Net. Ainsi, un type qui ne parvenait pas à me parler sur le site de rencontre faute d’autorisation a cherché le pseudo sur Google et a créé un compte sur un forum pour envoyer un message à un pseudo identique dans l’espoir que ce soit la même personne. Coup de chance, c’était moi. Jusque-là, c’est un peu surprenant mais pourquoi pas. On échange quelques mots, quand soudain il balance mon prénom dans la conversation, qui n’est évidemment ni sur le site ni sur le forum. De fait, il l’a trouvé sur un troisième site où j’utilisais le même pseudo. Ça devient déjà un peu inquiétant, jusqu’à ce qu’il m’ajoute en ami sur Facebook. J’ai vérifié, ça ne fait pas partie des référencements Google à partir de mon pseudo. Son profil Facebook est une coquille vide, faux nom et fausse photo tiré d’un film bien connu, 8 amis. Je n’avais plus trop de doute sur la nature de son intérêt pour ma personne quand après quelques échanges philosophiques d’une qualité aussi rare qu’appréciable, il me demande « où [je] me situe par rapport à la sexualité et à l’érotisme ». Depuis, il s’étonne que je ne réponde plus à ses messages.
 
Cependant, le clou de la saison, c’est ma rencontre avec une lesbienne sur un site de rencontres hétérosexuelles. Elle engage la conversation, le courant passe bien, elle m’explique qu’elle est lesbienne, qu’elle cherche à parler à des filles (ce qui est un peu un comble sur un site où il est question d’adopter un mec), avant de m’expliquer que je suis magnifique, merveilleuse, divine. Enfin, d’après les photos et ma charmante conversation. Bref, je l’ai séduite en moins d’une heure. On discute, le ton devient plus intime, elle demande à me voir à la webcam. Jusque-là pourquoi pas, sauf que c’est une conversation à sens unique, elle n’en a pas. Etrange mais possible. Visiblement enhardie par mon acceptation, elle tourne très vite la conversation vers un objectif unique : me voir nue. Mes maigres concessions ne la calment pas mais la font au contraire redoubler ses exigences, encore et encore, on se connait à peine mais elle ne survivra pas si elle ne voit pas tout, martelant ses directives comme si je lui devais quelque chose, avec quelques compliments comme pour endormir ma vigilance et me pousser à m’exhiber devant l’œil aveugle de la caméra, tant et si bien que son insistance devient suspecte : mais pourquoi y tient-elle tant ? Rien ne la fait dévier de son objectif, ni l’invocation de la fatigue, du manque de goût pour ce genre de pratiques ou de la prudence la plus élémentaire. Pour répondre à mes légitimes objections (telles que « et si au lieu d’être la personne que tu prétends être, tu étais en fait un homme obèse de 55 ans à qui j’ai encore moins envie de faire un strip-tease ? » ou « et si tu étais en train d’enregistrer la vidéo ? »), elle m’envoie des photos d’une fille dénudée, m’explique que du coup j’ai un moyen de pression sur elle dans la mesure où j’ai des photos d’elle sur mon disque dur tandis qu’elle n’a pas de trace de ma vidéo. J’ai les photos d’une fille dont je ne sais pas le nom et qui ont peut-être été trouvées sur Internet. Quel moyen de pression. Par contre, dès que je pose une question un peu personnelle, comme… son prénom, elle refuse de répondre, quand elle ne l’ignore pas carrément. Avec elle, on partage les images de peau, pas les informations biographiques. Je finis par lui demander de me donner au moins son Facebook et son numéro avant d’aller plus loin, comme préalable au reste (il s’agissait tout de même de savoir si elle était bien ce qu’elle prétendait être). Elle tente d’abord de plaisanter devant ma méfiance, avant de s’énerver, comme si j’étais en tort. Elle présente désormais mes refus comme une trahison de ma part, apparemment j’ai joué avec elle, et drapée dans sa dignité blessée, elle se réfugie dans la bouderie, très drama gouine. Alors que c’est elle qui essaye de m’imposer sa volonté, c’est moi qui ai fauté. Elle accepte finalement de m’adresser la parole quelques jours plus tard, et plutôt que de passer à autre chose comme elle le propose, elle revient sur le sujet, présentant mon refus comme la preuve qu’elle ne me plait pas. Rappelons que je n’ai toujours aucune preuve qu’elle est bien la jeune fille que son profil prétend qu’elle est. J’ai beau lui expliquer que je n’ai juste aucun goût pour l’exhibition, elle insiste encore et encore pour que j’accepte de me dévoiler, toujours sans se montrer elle-même, pendant une vingtaine de minutes, m’expliquant qu’elle, elle en a très envie. Un argument décisif. En bref, on peut croiser des filles encore pires que les hommes sur les sites de rencontres hétérosexuelles.

Une nouvelle cuvée placée sous le signe de l’obsession, mais bizarrement, pas que sexuelle. Il faut aller sur un site de rencontres pour se rendre compte de sa valeur sur le marché affectif. Ou pour éliminer les nombreux lots défectueux qu’on n’aurait jamais découverts si on ne s’était pas inscrit.

Suite de cet article

Mercredi 11 janvier 2012 à 16:24

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Avant de me prendre un procès pour diffamation, mauvaise publicité, atteinte à l’image et autres dénominations juridiques pour pourrir quelqu’un qui vous a déjà pourri, je préfère écrire tout de suite une chronique évoquant cinq bonnes raisons de s’inscrire sur un site de rencontres (parce que si on voulait éviter tous les boulets, on ne sortirait plus de chez soi, la confrontation est quotidienne dans le monde social), pour vous mesdames (par simple souci d’accord des pronoms, mais c’est sans doute réversible).
-          Préserver sa santé. En effet, dans le monde réel, pour rencontrer des gens et souscrire à des offres sentimentales (voire purement physiques) avec ou sans engagement (l’emploi du pluriel n’est pas anodin), il faut sortir (souvent), boire (pas mal), se forcer à rire (bêtement) et rentrer (tard) parfois seule. Autrement dit, vieillir de dix ans par semaine. Les sites de rencontres ont l’avantage d’être à porté de clic à n’importe quel moment de la journée. Bien sûr, en cumulé, ça vous prendra autant de temps que si vous aviez dansé sur les tables dans un bar quelconque une ou deux fois par semaine et il y a des chances que ce soit moins amusant, rien que pour sélectionner les heureux élus parmi les moult prétendants qui ne manqueront pas de se bousculer à votre porte virtuelle (avantage des boulets : ils sont pénibles, mais ils sont bons pour l’ego), mais au moins vous pouvez vous coucher de bonne heure et vous réveiller sans gueule de bois. Un plaisir rare.

 
-          Une concentration supérieure à la moyenne de gens intelligents. Vous connaissez sûrement ce sentiment de désespoir : en dehors des étudiants en master et en doctorat en sciences humaines (pardon, pas de pub), la conversation des hommes n’est souvent pas très profonde. Je ne dis pas qu’on s’ennuie nécessairement avec eux, on peut beaucoup s’amuser dans une conversation des plus banales (surtout s’il s’agit de critiquer des connaissances ou des inconnus), mais parfois, on aspire à plus, on voudrait échanger des points de vue, apprendre des choses… bizarrement, on en rencontre rarement en boite de nuit (enfin, c’est peut-être qu’on ne prend pas la peine de les faire parler). Bref, les sites de rencontre sont là pour vous, vous pouvez opérer une sélection totalement élitiste et snob : bloquez les mecs qui font trop de fautes d’orthographe ou qui croient que le langage SMS a été agréé par l’Académie française, ignorez ceux qui écrivent des mails de moins de cinq lignes ou qui vous font parler de leurs vacances, exigez un compte-rendu de ses lectures récentes en préalable à tout rendez-vous (en plus avec un peu de chance ça vous fera un sujet de conversation) et éconduisez-les s’ils ne se souviennent pas.

 
-          La négociation de la relation. Mettre une option sur une offre en soirée, c’est compliqué. Si vous avez de la chance, l’offre s’approchera de vous de sa propre initiative et le verre qu’il  vous offrira et son œil lubrique définiront clairement le programme de la soirée. Ça, c’est ce qui se passe dans le monde des Bisounours des séries/films états-uniens. En temps normal, vous ne savez pas forcément si l’homme vous aborde/rejoint le groupe de conversation où vous évoluez ou accepte de discuter avec vous parce que c’est quelqu’un de sociable qui aime rencontrer de nouvelles personnes ou parce qu’il a déjà déshabillé mentalement toutes les filles de la salle et que, définitivement, vous avez le meilleur ratio baisable/potentiellement consentante. Donc vous risquez de rentrer seule et (plus grave) sans numéro à appeler. En général, les mecs, même en soirée, ont la décence de discuter un peu avec vous avant de fourrer leurs langue dans votre bouche, surtout dans une soirée où il connait des gens et à plus forte raison où il est connu (c’est-à-dire des genre qui risquent de se moquer de lui jusqu’à le fin de ses jours si la chasse n’est pas dans les mœurs de leurs soirées) et où on ne sait pas forcément quand c’est le bon moment de passer à l’assaut (ni si assaut est possible). Ces obstacles franchis, vous l’invitez à prendre un dernier verre, il propose de vous raccompagner, voire un des deux a lancé le très explicite « on va chez moi ? », bref, vous savez ce que vous attendez l’un de l’autre à court terme. Le problème se pose à nouveau le lendemain matin. Ne pas prendre le numéro de la personne, c’est un peu rude, surtout si ça ne s’est pas trop mal passé (je parle de la conversation, bien sûr). Surtout que si on a mis le grappin sur un homme qui soit à la fois célibataire, pas trop mal physiquement et pas trop crétin, on n’a pas envie de le laisser filer. Mais pas forcément facile de deviner les attentes de chacun (coup d’un soir, coup de plusieurs soirs, amitié câline, relation hétéro-normée impliquant fidélité et affection mutuelle ?), et aborder le sujet, c’est quand même assez inconfortable, on a toujours l’espoir que les actes parlerons d’eux-mêmes et que la définition de la relation d’imposera. D’où incompréhensions, mises au point sanglantes, drames, cœurs brisés… Bref, la vie est dure. Avec les sites de rencontres, vous avez déjà une segmentation de la demande. On ne cherche pas la même chose suivant le site sur lequel on est inscrit. Ensuite, si vous êtes un être humain intelligent, vous devriez avoir la présence d’esprit de préciser un peu ce que vous cherchez comme relation, au moins à mots couverts (même si en pratique la majorité des gens cherchent « une relation sérieuse » pour éviter de passer pour un connard/une salope. Clichés quand tu nous tiens…). Enfin, si vous avez une vraie conversation avant la rencontre (voire une vraie conversation pendant la rencontre), la question devrait être abordée à un moment ou l’autre, et ce sera l’occasion d’échanger des opinions assez oiseuses sur les relations amoureuses et la nature de l’amour, youpi. En tous cas, on sait pourquoi on est là : potentiellement s’envoyer en l’air, et plus si affinités. Au pire, il y en a qui sont suffisamment explicites pour éviter tout malentendu : on se retrouve chez l’un des deux, on grogne, on besogne, on se fait des massages (non, je plaisante, ça c’est la phrase codée pour « on grogne et on besogne »), on se dit au revoir et on se rappelle si ça a bien collé. Après tout, on est au XXIème siècle.

 
-          Vous faire inviter. Bizarrement, la plupart des hommes sur les sites de rencontre déclarent que « en direct, c’est mieux, quand même » et il y en a un certain nombre qui vous proposent un rendez-vous après deux échanges de banalités. Comme on les comprend, ils veulent vérifier la marchandise (même si officiellement c’est que « en face, c’est quand même plus sympa », et « on ne sait jamais vraiment si ça va coller avant de se rencontrer » et bien sûr « on risque de se faire une fausse idée de la personne si on attend trop »). Je vous dis ça pour que vous soyez méfiantes. Toujours vérifier le nombre de messages et le contenu avant d’accepter un rendez-vous. Même si ça fait plusieurs jours que vous vous parlez, si vous n’avez parlé que de la pluie et du beau temps par mail, il n’est pas impossible que vous vous rendiez compte en direct que vous n’avez rien en commun. Croyez-moi, c’est très gênant. Si jamais vous êtes faible comme je le suis et que vous êtes trop polie (ou prise au dépourvu) pour refuser, même si vous vous rendez compte dans les cinq premières minutes que c’est une énorme erreur de casting (c’est marrant, sur les photos il faisait 5 ans de moins), que vous n’avez rien en commun, que vous ne venez pas de la même planète, que la conversation ne démarre pas, qu’elle retombe en crachotant après un ping-pong verbal de questions sans intérêt, que vous être trop bien élevée pour prendre la fuite mais que vous ne savez pas comment vous en défaire, bref, que vous vous ennuyez comme un rat mort, réjouissez-vous ! Vous êtes en train de boire à l’œil ! Car les mecs des sites de rencontre invitent (c’est très étrange, on est pourtant en post-mai 68, non ?), contrairement à la plupart des hommes de soirées (soit parce que c’est dans un espace privé et donc que le verre ne s’achète pas, il se vide ; soit parce qu’ils n’ont pas le cran/l’opportunité d’offrir un verre dans un bar ou en boite). Prenez-en un deuxième (rapidement, car rappelez-vous que le consommer retarde le moment où vous carapater manière acceptable socialement), en plus ça vous donnera peut-être des idées de sujet de conversations.

 
-          Un sujet de conversation tout trouvé. Dans les soirées, après que vous ayez fait le tour du prénom (que vous avez déjà oublié), de l’occupation courante (étudiant, travail, sans emploi) et de la raison pour laquelle vous avez atterri à la soirée (qui vous a amené, comment vous l’avez connu), c’est parfois difficile de rebondir là-dessus. Grâce au site de rencontres, vous avez au moins un point commun : votre fréquentation du site de rencontres. Sujet bouée de sauvetage, à aborder quand vous n’avez pas atteint la durée minimale de fréquentation mutuelle avant de remercier, vous lever et supprimer ce contact de votre répertoire, en dernier recours donc, car c’est assez glauque. On commence par les classiques, en général il l’abordera de lui-même au début de la conversation : « alors je suis le combien ? ». Une espèce d’obsession du numéro, comme si ça changeait vraiment quelque chose. Il vous demandera comment ça s’est passé, continuité logique, comme si on pouvait résumer 15 expériences différentes en une phrase. Normalement, il devrait y avoir eu du bon et du moins bon, alors faites une moue dubitative, jonglez un peu des épaules, surtout ne grillez pas vos cartouches. N’approfondissez pas le sujet, ne lui retournez pas la question. Plus tard, après un blanc de plusieurs longues secondes et votre premier échange de sourires gênés, vous saurez que c’est le moment de lui demandez « et toi alors, beaucoup de rencontres ? ». Normalement, si on n’a pas peur du sang et des tripes, c’est inépuisable. Plans galères, rencontres bizarres, boulets notoires, profils risibles ou même très bonne rencontre, personne exceptionnelle… c’est assez coûteux émotionnellement, aborder ce sujet, c’est un aveu d’échec et une mise au jour de l’hypocrisie sous-jacente de ce genre de sites : on sait que c’est l’usine, on sait que l’autre rencontre d’autres candidats, d’autres numéros,  on sait qu’on passe un casting sentimental mais tous ces numéros ont l’ambition de devenir l’unique, le seul qui compte. Et même dans les cas d’offres sans engagement, le spectre de la relation socialement acceptable basée sur la fidélité fait qu’il est finalement assez impudique et indélicat d’évoquer les autres offres souscrites, même si cela ne constitue pas une forme de trahison, même s’il n’y a pas de jalousie. Bref, même en cas de conversation profondément foireuse, vous pouvez sauver les meubles. D’un autre côté, en soirée, vous pouvez capitaliser sur le fait que vous n’êtes pas tenu de prolonger le face-à-face, voleter vers une autre conversation voire appeler un ami à la rescousse pour mettre de la distance entre l’alien auquel vous n’avez rien à dire et vous. Mais bon, il me fallait une 5ème raison.
Bref, les sites de rencontres sont un excellent moyen d’amorcer son entré dans le marché de l’offre et de la demande sentimentale et sexuelle, si on n’est pas super sociable et dépravé. C’est vrai que vous serez harcelées par des boulets ou des gens qui vous sont tellement étrangers que vous ne saurez pas de quoi parler. Mais bon, avec beaucoup de chance, vous tomberez sur quelqu’un de suffisamment mignon pour ne pas avoir à discuter.

Dimanche 8 janvier 2012 à 17:11

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On n’a pas vraiment d’idée de l’étendue des formes que peut prendre la nature humaine tant qu’on ne s’est pas inscrit sur un site de rencontres. Attention, on rencontre des gens très bien, parfois, sur les sites de rencontres. Mais il y a aussi un phénomène de sélection qui fait qu’il y a une forte concentration de boulets. Peut-être qu’ils se sentent autorisés à se lâcher parce qu’ils sont sur Internet, peut-être qu’ils n’osent plus sortir de chez eux et que c’est la raison pour laquelle on ne les rencontre jamais ailleurs… en tous cas, on s’amuse beaucoup.

C’est mignon comme tout, les mecs inscrits sur les sites de rencontre se ressemblent généralement sur trois points. Tout d’abord, ce sont tous des aventuriers, ils adorent les voyages et ils leur semblent inimaginable que quelqu’un ne puisse pas apprécier passer du temps loin de chez lui. Pourtant, tout le monde sait que c’est fatigant et que ça use les semelles. Mais bon, les goûts et les couleurs… Ensuite, ils sont tous à la recherche d’une relation sérieuse. C’est dingue, on ne se connait même pas et direct le type il te met la pression, il se voit déjà marié avec des enfants avant même que vous vous soyez dit bonjour. Dieu merci, ils ne sont pas très à cheval sur leurs principes, ils n’hésitent pas à contacter des filles proclamant explicitement ne pas être prêtes à « se caser ». Enfin, ils cherchent tous une fille « fidèle, drôle, sincère, honnête », bref, la princesse charmante. Par opposition à tous les mecs qui cherchent une fille sinistre voire dépressive, moche, mythomane et manipulatrice. J’aime beaucoup le fait que la fidélité soit la première chose mise en avant, comme si une fille n’avait aucun intérêt à part si elle accepte de s’assujettir à un homme exclusivement. Après bon, si elle est intelligente, avec qui on peut discuter pendant des heures, passionnée, compatible avec soi au pieu, bon, c’est un bonus, appréciable mais pas vital. Et après ce sont les femmes qui sont conditionnées par leur représentation du prince charmant.

Moins courant, mais néanmoins répandu, les mecs qui se plaignent sur leur profil que les filles ne lisent pas les profils et que la plupart des filles basent leur choix sur les photos. Oui parce que les types qui me contactent alors qu’on a visiblement rien en commun et qui me balancent un mail copier-coller le font parce que ma description est fascinante. De toute façon, les femmes sont tellement superficielles.


Ca, c’était pour les mecs interchangeables de base. Mais personnellement, j’ai un faible pour les cas cliniques.

Tout d’abord, il y a les hommes qui contactent des filles qui ont la moitié de leur âge, pour ne pas dire qui ont l’âge d’être leur fille. Ils ont dû lire « gérontophile » quelque part sur leurs profils. Bien sûr, ça pourrait s’expliquer si on cherchait des relations d’amitié sur les sites de rencontres. Mais ne nous voilons pas la face, personne n’est là pour ça. Et puis bon, si c’était juste des hommes dans le déni qui pensent simplement avoir réellement une chance avec une (beaucoup plus) jeune fille, ce serait juste pathétique… Dieu merci, ils mettent en place des stratégies très élaborées pour les séduire. Mon coup de cœur perso : un type de 55 ans (d'après photo, plutôt 65) dont la première question est « pourquoi : Mes accessoires = déguisements, talons hauts ? Bisous » et qui enchaine sur « veux-tu être ma dominatrice ? ». Il propose trois fois son adresse msn en dépit des refus (et finit par la donner quand même, les femmes sont tellement versatiles, elle pourrait changer d’avis), et il connait trois adjectifs (jolie, sincère, sympa) qu’il accole à demoiselle à la fin de chacune de ses phrases (exemples : bonjour jolie sincère demoiselle, veux-tu mon msn, jolie sympa demaiselle ?, ...). Il demande « veux-tu être mon amie ? » comme en maternelle (définition d’amie pour lui : « une fille qui est sincere sympa qui écoute l'autre qui aime rigoler dont on a du respect pour elle qui est sa confidente qu'on couvre de cadeaux car elle aime bien ». Une femme entretenue, si j’en crois le dernier élément. Bizarrement, il a oublié de dire jolie, mais c'est sans doute politiquement incorrect.). Et surtout, il n’a pas peur d’envoyer des messages, encore et encore, malgré l’absence de réponses.

Remarque, il n’est pas le seul. Il y a aussi des boulets qui posent des questions, sans visiblement lire les réponses, ils ne les commentent pas, ils n’y répondent pas eux-mêmes, ils ne demandent pas à leur interlocutrice d’approfondir ses réponses. Ils continuent à poser des questions, à la chaine, comme s'ils énuméraient celles d'un questionnaire INSEE. La personne ne prend plus la peine de répondre aux précédentes ? Pas de problème, ils en posent d’autres, dans l’espoir de relancer une conversation sous assistance respiratoire. D’ailleurs, ce n’est pas de la conversation, c’est un dialogue de sourds. Comme ceux qui tentent de relancer une conversation par une avalanche de « cc » et autres « salut, ça va ? » saccadés, malgré un silence obstiné de leur désormais ex-interlocutrice. Comme si le « cc » n’était le coup de grâce salutaire pour couper court à tout échange (car il prouve 1/ qu’aux yeux du locuteur, vous ne valez pas la peine qu’on s’use les doigts à vous écrire un mot en entier et encore moins qu’on vous pose une question 2/ que vous n’avez tellement rien à vous dire que vous n’avez que le degré zéro de la banalité à partager).

Il y a aussi ceux qui ont un super conseiller en com’, qui leur a dit « les compliments, ça marche toujours », et qui t’abordent d’un très rassurant « en tous cas tu es superbe… Si on s arrêtait au physique je te prendrais pour femme » ou « tu as viré une de tes photos ? dommage, tu étais très sexy dessus. Tu n'aimes pas plaire ? C'est vrai que je ne t'ai jamais vue en vrai mais les photos laissent rêveur quand même, surtout celle-là... En tous cas pour moi tu es à croquer, et pas que sur cette photo... » ou qui engagent la conversation (exclusivement) par « tu es belle » ou « le bleu de tes yeux est splendide ! ». Et sinon, ma personnalité, … ?

Evidemment, il y a les inévitables illettrés, mais ce serait excusable si au moins ils faisaient des phrases cohérentes. Bizarrement, ça vient généralement par wagons : non seulement ils vous abime les yeux par des fautes énormes voire carrément par un refus d’anarchiste engagé des moyens conventionnels de la communication, mais en plus ils ont souvent une conversation plate et creuse, basée sur des questions bateau et des échanges sur les programmes respectifs de chacun pour la soirée/la semaine/les vacances, et de surcroît, il leur arrive de pousser le vice jusqu’à dire des choses qui n’ont tout simplement aucun sens. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi devant ça : « je crois que le fait de vous contacter parmi toutes ces femmes n est pas négligeable je sais pas ce que vous voulez me faire dire ou ce que vous voulez vraiment savoir ni ou vous voulez en venir avec moi .... je vous ai bien dis ce que je vouais de vous dans un premier temps [NDLR : non, pas du tout] dans la mesure du possible après je sais pas si toutes ses questions vous servirons [NDLR : quelles questions ? Vous voyez un point d’interrogation, vous ?] car a travers les écris je sais pas ce qu'on peu savoir concrètement », je suis perplexe.

Il y a les obsédés classiques, ceux qui te demandent tes préférences sexuelles après les formalités d’usage (quand on a de la chance), et qui insistent malgré le manque d’enthousiasme explicite de leur interlocutrice. Il y a aussi ceux qui sont visiblement en chien, qui envoient cinq textos dans une journée pour un rendez-vous prévu la semaine suivante, et qui ponctuent chacun d’entre eux de phrases subtiles comme « tu imagines vraiment aller plus loin si feeling ? open aux relations ouvertes ? », « Tu aimes les massages ? », « tu vis seule au fait ? », … Avant de relancer le lendemain « Coucou. Je te laisse confirmer mardi et potentiellement mercredi ? Biz » puis le même jour, du fait d’une absence de réponse (liée à l’exaspération) « Coucou tu veux pas me dire ? tu veux plus ? ». Ou comment se priver de toute chance d’accéder à ce à quoi on aspire. Mais ça, ce sont de petits joueurs. Les vrais obsédés, ce sont ceux qui te demandent dès le premier message « Coucou sa te dit qu'on soi un couple libertin nous deux ? Et esque t'aime être soumise ? » (euh… bonjour ?) et après quelques messages courants d’air et atones « T'aimerai qu'on soi un couple libertin et échangiste ? Et sinon aime tu êtres soumise pars ce que je suis maître et j'aimerais que tu sois mon esclave .... Jatend ta réponse ». il attendra longtemps. Tout aussi charmant, le « Je veu couche avec toi :) », parfaitement inséré dans des banalités « salut, ça va ?, ... », suivi d’un « Ah bon mais nn vien me voir :) ». J’en meurs d’envie.

Dans le genre, mais nettement moins grave, il y a les types qui te veulent te voir, tu sais pas pourquoi, vous avez échangé trois mots, mais on dirait qu’ils ne peuvent pas vivre une seconde de plus si vous ne vous rencontrez pas. Vite. Ca peut être un simple « Fat et j'peux peut etre venir dans ce bar a coté de ton école te payer un verre la tout de suite t'en pense quoi ? o=) » après seulement deux messages creux. Il y a pire. Il y a le type qui fait du forcing pour avoir une place sur ton agenda. Bien sûr, vous avez à peine discuté, tu n’es pas sûre de savoir comment il s’appelle, et déjà il te demande « c’est quand qu’on se voit ? ». Polie, tu lui réponds « pas tout de suite, j’ai un planning assez chargé en ce moment. » Il insiste. Tu lui démontres que ton planning est réellement chargé par un inventaire à la Prévert « bin c’est simple, mardi je peux pas, mercredi je peux pas, jeudi j’ai un truc, vendredi je crois que je suis invitée à une soirée, samedi je suis prise et dimanche je vois ma famille ». Il insiste pour que tu le cases dans ton emploi du temps. A plusieurs reprises, refusant un rendez-vous lointain au profit d’un non-rendez-vous présent. Il n’a pas compris qu’il ne peut pas forcer une fille à se rendre à rendez-vous qui ne la branche pas ? Oui parce qu’à force de demander, l’idée même d’un rendez-vous donne à la fille des boutons. Quand on dit non, pas tout de suite, c’est « non », c’est pas « peut-être ».

A côté de ça, il y a les mecs juste bizarres, qui t’abordent d’un « Salut ^^ Dit moi, j'ai une question qui pourrai te paraître déroutante : Que préfère tu entre le rond et le carré ? Et surtout pourquoi ce choix ? Tu réponds comme tu l'entends, selon ton inspiration xD » et qui ne donnent jamais suite après qu’on ait pris sur soi pour répondre, ou encore d’un « 1, 2, 3 nous irons aux bois ». Rien de tel pour lancer une conversation. Comme les premiers messages qui ne disent rien : « Bonsoir. Tout d'abord merci d'avoir répondu à mon "charme"' et désolé de n'avoir pu t'envoyer de message plus tôt (pas mal occupé par un nouveau boulot mais je ne vais pas te barber avec ma vie ne t'inquiète pas :) Ça n'est jamais évident de trouver quoi dire lors du premier message mais bon, faut bien commencer par quelque chose, non ? Je ne vais pas te raconter ma vie (sauf si tu as envie de la connaître, :) après tout j'aime les personnes curieuses) ni commencer déjà à te poser des questions banales (voyages, japon, études, etc).
Quoiqu'il en soit, tu as une personnalité trés intéressante et je serais ravi de mieux te connaitre et de répondre aux questions que tu te poseras.
En espérant une réponse de ta part, je te souhaite une bonne soirée et éventuellement une bonne année si tu ne lis pas ce message d'ici là. :D ». Essayez un peu de rebondir là-dessus.

Le boss final, c’est le psychopathe, celui qui commence par te dire à propos de une photo en gothic lolita "ça donne comme qui dirait envie de violer des petites filles" (ça se passe de tout commentaire je crois), celui qui te dit que ton profil est "sympa" mais il n’en a visiblement pas lu une ligne puisqu'il te demande ce que tu fais comme études (« - c’est écrit sur mon profil. – désolé si j'ai pas lu ton profil en entier ^^’ – en même temps, c’est sur la première ligne. »), en apprenant la discipline qu’étudie son interlocutrice il se lance dans un violent réquisitoire expliquant que sa science (humaine), c’est le mal, ça permet aux gens de devenir très riches, puisqu’elle sert aux multinationales à manipuler les gens et à mettre en place de la propagande, et elle sert aussi aux gouvernements à perpétuer l’ordre existant alors qu’il ne sait visiblement absolument pas de quoi il parle. Lorsque son interlocutrice lui fait remarquer, il commence à l’insulter violemment, en la traitant de conne. Cerise sur le gâteau : elle le bloque, il tambourine virtuellement à sa porte, probablement dans l’espoir qu’elle lui permette à nouveau de lui parler. Mais bon, c'est pas comme si les filles étaient faites pour qu'on parle avec.
A ce propos, un petit faible pour le type qui t’explique que les filles préfèrent naturellement les poupées et les garçons les petites voitures, c’est quasi-génétique. Trois messages de plus et il t’expliquait comment on parvient à extraire les petites filles du ventre de leur mère en dépit du balai ou de l’aspirateur pour les plus modernes qu’elles ont à la main dès la conception.


Je critique les hommes, c’est vrai, mais pour autant que je sache, les filles ne sont pas en reste. On retiendra celle qui écrit sur son profil « mon ex, ce bâtard, m’a lâché parce que je suis enceinte, je cherche un père pour mon enfant ». Déjà, ça fout pas la pression. Il y a aussi les filles qui tentent de paraitre à leur avantage sur les photos : photos prises devant le miroir de la salle de bain, le flash cachant à moitié leur visage, bouche en cul de poule (le seul élément de leur visage visible sur la photo) et poitrine en avant. Ou celles qui font une description « je suis une fille, donc comme toutes les filles, je ne sors jamais sans maquillage, mon point G est à la fin du mot shopping et je passe la moitié de mon temps à manger et l’autre moitié à me plaindre de mon poids. ». Si vraiment toutes les filles étaient comme ça, on se demande pourquoi elles prennent la peine de le préciser, parce que ce ne serait pas hyper distinctif comme présentation.


Bref, on peut rencontrer des gens très bien sur Internet, des gens drôles, sympas, ayant de la conversation et des opinions réfléchies, mignons (non, quand même, j’exagère). Mais pas que.

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