cigarette-and-coffee-milk

Lundi 11 juillet 2011 à 0:04


Je vous ai aperçu dans la cour, une fois encore, mais je n’ai pas osé vous approcher.  Je pensais qu’une fois dans la même école, susceptibles de se croiser chaque jour, sans ce rapport d’autorité comme une toile d’araignée entre nous, ce serait différent. Mais c’est toujours pareil, je suis incapable de me mettre en danger quand ça compte vraiment. Troisième sur la liste de mes regrets, comme si les deux premiers ne m’avaient pas servi de leçon. Après tout, c’est toujours la même histoire : un homme que je connais à peine, juste assez cependant pour le confondre avec le prince charmant. J’attends de vous tellement et je n’ose pas vous approcher.
Je m’invente des excuses, je me dis que c’est parce que vous n’êtes jamais seul (et même si vous l’étiez, comment vous approcher sans être sûre que vous me reconnaissiez ?) mais… si seulement nous avions un cours en commun, je me dis que tout serait plus simple, mais ce n’est qu’un autre mensonge que je me raconte.
J’aurai aimé que vous veniez vers moi, vous m’auriez eu qu’un mot à dire et je serai tombé dans vos bras, je m’en serai remise à vous… car j’ai besoin de vous, j’ai besoin d’une relation affective et intellectuelle, quelqu’un contre lequel je pourrais faire rebondir les idées, quelqu’un qui parlerait mon langage. Un double, enfin.
Pendant l’été, j’ai dévoré ces trois livres que vous avez écrits, je m’attendais peut-être à vous trouver entre les pages. J’étais intimidée en les prenant entre mes mains, une distance en succédait une autre, vous aviez été une sorte de professeur, à présent vous étiez un érudit publié, quelqu’un de respectable et de vaguement connu. J’attendais une révélation de ces lectures mais peut-être l’ai-je trop attendue pour qu’elle survienne, les sujets dont traitaient les ouvrages m’ont laissée froides, j’ai découvert avec mélancolie que nous n’avions pas les mêmes préoccupations. Ce que je cherchais dans ces livres ne pouvait pas s’y trouver. Je vous cherchais.
Et vous êtes là, en face de moi. Il suffirait de traverser la cour… d’ailleurs vous me regardez, vos yeux s’attardent sur moi. Peut-être que vous me reconnaissez après tout. Peut-être que je compte.
Finalement, je fais un pas vers vous, au moins vous ne faites pas mine de faire demi-tour. C’est trop bête, de laisser passer une occasion pareille. Au pire, on pourra toujours parler de vos livres.

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