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Dimanche 4 septembre 2011 à 17:21

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Soudain, l’essence de cet homme m’est apparue, comme si un voile s’était déchiré. Ce sont finalement nos démons qui nous définissent, et le sien m’est apparu, me faisant un signe de main avant de reprendre sa course.
Cet homme est écrasé par le poids de chacune de ses actons, le geste le plus insignifiant devient pour lui un instrument de torture, incarnant tour à tour le regret et le remord, objet d’infinies réflexions, il était écrasé par le poids de ses pensées, perpétuellement entravé, condamné à la lenteur extrême, dépassé dès la ligne de départ.
Alors il s’accrochait, à n’importe qui, aux êtres de passage, déversant ses chaînes intangibles sous forme de monologues évanescents dans l’espoir que quelqu’un s’en saisisse, les dissolve. Il ne parlait pas vraiment à quelqu’un car il n’y avait rien à répondre, il aurait fallu que quelqu’un le prenne dans ses bras, tente de le réconforter, de le distraire. Peut-être avait-il besoin d’un guide, d’une mère mais il était trop tard pour lui apprendre à vivre. Alors je suis sortie de sa vie, à reculons, en espérant qu’un jour il comprenne…

Vendredi 12 août 2011 à 15:18

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Je marche sous des cieux qui me rappellent un peu la couleur des flammes. Mais peut-être que c’est juste mes idées noires qui teignent le ciel de la couleur du sang. Regardez-moi ce type à la terrasse d’un café, qui souffle des volutes de fumées avec voluptés, au dessus du visage et des seins refaits de quelques blondasses insipides qui lui tiennent compagnie. Bienvenue à New York, la ville qui ne dort jamais. Je n’ai ma place nulle part.
Je n’aurai pas dû venir, je n’aurai pas dû me dire « une occasion comme celle-là, ça ne se refuse pas », ça veut bien dire qu’on y va en trainant les pieds, pour ne pas le regretter. Mais on le regrette toujours. C’est vrai qu’ici au moins je ne vois pas Adrien et son sourire de cocker stupide. L’air de la vie rend plus libre que l’air du foyer. Si seulement je pouvais rencontrer quelqu’un, le percuter violemment, on se projetterait à terre et là, le souffle coupé par l’impact, on pourrait se regarder vraiment. Ici, je pourrais me nicher dans l’anonymat de la grande ville. Je voudrais suivre quelqu’un et soudain perdre pied. Mais ce genre de chose n’arrive que dans les films, quand on sait que le spectateur est en sécurité, lové dans son fauteuil. Moi, je voudrais que quelque chose m’arrive pour de vrai.
Devant moi, une jeune femme se fait happer par un jeune charmeur, il l’entoure de ses bras comme pour l’arracher au monde, comme l’étreinte d’un serpent. En passant, je l’entends chuchoter « s’il vous plaît laissez-vous faire, il ne faut pas qu’on me reconnaisse, je travaille comme consultant pour la police ». En entendant ça, je me retourne, en me disant « encore un beau parleur » et je vois son regard posé sur moi, il me fixe comme s’il voulait fixer mon visage dans sa mémoire et j’ai eu comme le sentiment qu’il chercherait à me retrouver, où que je sois. Je voudrais m’arrêter, revenir sur mes pas, lui parler peut-être, il est peut-être celui que j’attendais. Mais il chuchote à l’oreille de la jeune fille qu’il a enlacé, elle glousse d’un air ravi.
Le ciel est noir comme des larmes, il est temps de rentrer.

Samedi 4 juin 2011 à 19:25

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Le soleil a dévoré la pelouse, on se croirait loin du monde ordinaire avec toutes ces mauvaises herbes, les rayons d’été m’étouffent et pourtant je ne suis pas en repos. Un fil me retient à ce siècle, bientôt je pourrais retomber dans l’indolence. Le souffle des absents ne suffit pas à m’apaiser.
une douce empoisonneuse, je songe aux échecs et aux obligations, j’attend que les cerises murissent pour me retirer du temps, plonger dans les eaux infinies de l’insouciance, lorsqu’on ne sait par quelle distraction commencer,  lorsqu’on s’allonge en pleine journée et pourquoi se réveiller ?, lorsqu’on est libre de ne plus sortir, de ne plus bouger, de panser ses blessures. Pourtant déjà les guêpes bourdonnent « aurai-je assez de temps pour tout finir ? Aurai-je assez à faire pour ne pas avoir trop de temps ? » et déjà je vois l’ombre de la lassitude, Arachné qui tisse sa toile. Je voudrais juste prendre un peu le soleil sans me bruler.

Dimanche 24 avril 2011 à 15:46

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Heureusement tu es à l’heure pour la fête. Est-ce que tu vois tous ces visages qui se mêlent, est-ce que tu vois le sol qui tangue ?
Je me noie dans le flot des danseurs, je te perds de vue. Je sais que je le regretterai mais pour l’instant je n’ai plus besoin de toi. J’ai trouvé ce qu’il me fallait et ça me regarde lascivement en agitant les hanches à droite et à gauche et à droite et à gauche. Elle me propose un cachet, je le laisse fondre sur ma langue. Tu m’en voudras plus tard. Je sens la douleur qui goutte sur le sol, je n’ai plus à avoir peur. Je peux perdre le contrôle, je peux te perdre de vue, tu me retrouveras toujours. Je t’en prie ne me laisse pas je pense en embrassant la jolie blonde. J’ai la tête qui tourne, le vertige c’est sans doute le prix des vies les plus tranchantes. J’entends des cris, ça doit être grave pour qu’ils arrivent à couvrir la musique. La blonde se détache, je ne sens plus sa chaleur, je m’obstine à danser encore un peu, les yeux fermés. Lorsque je les rouvre, je vois que tout le monde s’est écarté, il n’y a que toi et moi au centre du cercle. Tu tiens tes mains devant toi comme si elles t’intriguaient. Avec les stroboscopes, je ne vois bien.
La musique s’éteint, les spots blancs sont allumés, dommage on s’amusait si bien. Le sang sur tes mains, c’est le tien ?
Je t’entraine dehors, on rentre à la maison. Tu m’expliqueras plus tard.

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