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Mercredi 11 mai 2011 à 12:25

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Je l’ai rencontrée en temps de guerre, le moment aurait difficilement pu être plus mal choisi. A l’époque, peu de choses comptaient pour moi, j’accomplissais mon devoir avec indifférence, simplement satisfait d’avoir trouvé ma place quelque part.
J’étais sur Terre avec d’autres shinigamis (des Dieux de la mort), attendant le début de la bataille. Nous n’avions nulle part où aller, alors je me suis posté sur le toit d’une de nos alliés humaines, les autres tuaient le temps à l’intérieur.
Elle est montée me rejoindre, je ne savais pas si elle voulait me tenir compagnie ou si elle avait l’habitude de s’y réfugier lorsqu’elle avait besoin de solitude. Tara. Elle s’est allongée à mes côtés, attendant peut-être de voir si je désirais ou non engager la conversation. Elle finit par se tourner vers moi, la tête appuyée contre sa main. Après m’avoir observé quelques instants, elle déclara « Ton aura est agressif, il est hérissé de pointes, c’est rare. C’est à cause de la bataille à venir ? ». Devant mon regard interrogatif, elle ajouta « je vois les auras, c’est une capacité que j’ai depuis quelques années. ».
Je lui ai posé quelques questions sur ce fameux don, elle m’en a posé quelques autres sur mon métier de shinigami puis elle a posé mon bras pour me souhaiter bonne chance avant de prendre congé. Ce qui se passa alors, je n’aurai jamais pu le prévoir.

Lorsque sa peau a effleuré la mienne, un flot d’images est soudain passé devant mes yeux, une école, une maison, une famille, des gens que je n’avais jamais vus… un instant plus tard, Tara s’est exclamée « oh ! Je vois des fils d’or qui nous relient, ils courent de ma main à ton bras ! »
Surpris, j’ai rompu le contact. Nous nous sommes regardés sans comprendre. Mais avant que nous n’ayons eu le temps d’en parler plus longuement, j’ai entendu mon vice-capitaine crier « ils arrivent ! ». La bataille était sur le pont de commencer, alors elle est allée se réfugier à l’intérieur et je me suis préparé au combat.

(à suivre)

Vendredi 6 mai 2011 à 17:04

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Echolalie. C’est comme une chanson qui porte ton nom, Cassie. Tes yeux m’ont dit « rejoins-moi de l’autre côté » et depuis je n’en peux plus de te suivre. Quand je t’ai rencontrée, j’étais comme fou. Une Ophélie était morte par erreur, par ma faute, on m’avait pris pour un dingue et j’avais été enfermé à l’asile peu à peu je reprenais le contrôle sur moi-même, je me sentais presque comme un humain. As-tu déjà eu cette sensation merveilleuse de sentir tes pensées claires à nouveau ? J’espère que je t’ai fait renaître.
Tu étais toujours sur le même banc au fond du parc de l’asile, tes yeux lointains ne semblaient pas voir la pelouse vers laquelle tes yeux étaient toujours rivés. Ta compagne de chambre te murmurait des secrets en peignant tes cheveux, tu répétais tout distraitement, à voix basse.
Je ne sais pas ce qui m’a poussé à m’approcher de toi : tes yeux de porcelaine, tes cheveux comme de la soie ou ton allure de marionnette aux fils coupés.
J’ai attendu que ta colocataire s’éloigne quelques instants pour m’installer à côté de toi. Tu n’as pas paru avoir conscience de ma présence à l’époque tu n’avais l’air d’avoir conscience de rien. J’ai pris ta main et brusquement tu m’as jeté un regard perçant, c’est la première fois que je te voyais sortir de ta catatonie. Et puis tu t’es éteinte et ta tête a dévié sur le côté à nouveau. J’ai alors su que tu étais celle que le destin plaçait sur ma route pour me sauver, une fois encore.
Je laissais mes doigts courir sur tes bras nus, tu ne semblais pas t’en rendre compte, tu te laissais faire et moi je me demandais comment j’allais faire de toi une Ophélie alors que tu ne semblais même pas m’entendre. Ta voisine de chambre est revenu, elle s’est mise à crier, visiblement contrariée qu’on lui ait emprunté sa poupée préférée mais moi non plus je ne l’entendais plus, tu prenais toute la place.
J’ai gracieusement cédé ma place, en réfléchissant à un plan. De toute façon, tu étais coincée là-bas et moi aussi.
J’ai commencé à m’assoir à votre table lors des repas, ta protectrice grimaçait et tu répétais nos invectives d’un ton monocorde. Et si elle se mettait en rempart entre toi et moi, elle ne pouvait pas m’empêcher de te regarder. J’y passerais des heures.
Après quelques semaines, je n’avais toujours pas d’idée géniale pour te sortir de ton sommeil. Je décidais que si le psychiatre de l’institut ne s’en sortait pas, il n’y avait pas de raison que je m’en sorte mieux. Ce n’était qu’une question de temps. Et du temps, j’en ai toujours eu à revendre.
Un jour, profitant de la séance hebdomadaire de ta colocataire, je me suis glissée dans votre chambre.
Tu étais assise sur le bord du lit, les yeux rivés vers une photo sans doute vendue avec le cadre, les mains croisées sur ton giron, en attente. J’étais seul avec toi, je regardais ces yeux qui ne semblaient ne plus rien vouloir observer, et soudain j’ai été empli d’un désir immense de cet objet que je ne pouvais pas posséder, que personne ne pouvait posséder. Mais tu étais là, à portée de main, je pouvais te prendre si je le voulais, tu ne dirais rien, personne ne saurait rien… J’étais déjà penché sur toi, mon visage près du tien, sur le point de t’embrasser, tes yeux regardaient ailleurs, comme si ça t’était égal (après tout ce n’était que ton corps, le corps dont tu étais prisonnière, et avec lui la réalité), brûlant comme je ne l’avais pas été depuis des siècles, presque humain.
Mais j’ai suspendu mon geste, j’ai passé mon bras autour de tes épaules et j’ai recommencé à te parler de mes Ophélie, profitant de notre rare intimité. C’était un matériau trop brut encore et trop parfait pour que je risque de l’abîmer d’un coup de burin hâtif. Ce n’était amusant que si c’était toi qui en avais envie. Pourtant, tu avais rallumé un feu que j’avais longtemps cru éteint.

Dans les mois qui suivirent, après que j’ai le sentiment que tu t’étais habituée à ma présence, j’ai décidé de prendre mes distances. Ta colocataire ne masqua pas sa satisfaction, mais je guettais surtout les signes de manque, de désarroi sur ton visage mais tu étais aussi éteinte qu’à l’ordinaire. Ce n’est que quelques jours plus tard que ta camarade vint me trouver « il faut que tu reviennes, elle ne parle plus. ». Après quelques hésitations pour la faire enrager, je me décidais à la suivre. Arrivé à ta hauteur, je fis signe à ta compagne de s’éloigner, ce à quoi elle consentit en trainant des pieds. D’un geste triomphant, j’ai replacé une mèche rebelle derrière ton oreille en te chuchotant quelques paroles rassurantes, que tu as répétées d’un ton chantant. J’avais gagné une bataille.
A partir de là, je décidais qu’il était temps de quitter l’hôpital. Je savais que ma sortie risquait de tarder (les faux papiers finissent toujours par vous causer des ennuis mais les gens ont tendance à ne pas me prendre au sérieux lorsque je leur tends un certificat de naissance datant l’ère élisabéthaine) et puis je me disais que sortir de l’hôpital te ferait peut-être faire des progrès.

Dimanche 24 avril 2011 à 16:33

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Un jour, tu t’es présenté à la porte. Ça, pour une surprise, c’était une surprise. Je ne savais même pas que tu connaissais mon adresse. Je veux dire, on s’était vu trois-quatre fois maximum et c’était il y a plusieurs années. Apparemment tu ne m’avais pas oubliée. Moi je ne t’avais pas oublié.
Tu as alors entamé un monologue étrange, embrouillé, à base de petite amie enceinte, de responsabilités et d’examens de fin d’année. Bref, je n’ai rien compris, à part le couplet final, où tu me demandais de m’héberger quelques jours. Etrangement, j’ai accepté.
C’était pas bon de te voir débarquer dans ma vie comme ça, pas bon du tout.
C’était étrange, comme relation. Il y avait trop de points d’interrogation. Je veux dire, tu devais ne rester que quelques jours, tu t’es installé pour plusieurs mois ; tu passais tes journées dehors mais tu ne me disais jamais ce que tu faisais. Le soir, quand tu me rejoignais dans ma chambre (en dépit de cette inconsistante petite amie dont tu n’as jamais reparlé), tu ne disais jamais rien de personnel ou alors des vieux souvenirs, des banalités. Et pourtant je me souviens de nos petits déjeuners, tu les aimais à l’américaine genre œuf-bacon-toast, tu insistais toujours pour tout préparer mais tu faisais toujours brûler quelque chose, à la fin je me demandais si tu ne faisais pas exprès, parce que tu savais que ça me faisait rire. Pendant un temps, j’ai même cru qu’on était complices. Mais c’était comme si ut me refusais le Finn du présent, celui qui allait être papa et décrocher son diplôme, je n’avais droit qu’à un écho, celui avec qui j’aurai pu vivre une vraie histoire d’amour, il y a quelques années.
Ça fait déjà quelques jours que tu es parti, sans prévenir. Peut-être que je m’inquiète pour rien, tu as laissé une valise. On sonne, je me dis que c’est peut-être toi mais ce n’est qu’un bouquet de fleurs. En guise de carte, une petite enveloppe, avec une adresse et une clef qui tinte en tombant sur le parquet. Peut-être que je m’inquiète pour rien.

Dimanche 24 avril 2011 à 15:46

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Heureusement tu es à l’heure pour la fête. Est-ce que tu vois tous ces visages qui se mêlent, est-ce que tu vois le sol qui tangue ?
Je me noie dans le flot des danseurs, je te perds de vue. Je sais que je le regretterai mais pour l’instant je n’ai plus besoin de toi. J’ai trouvé ce qu’il me fallait et ça me regarde lascivement en agitant les hanches à droite et à gauche et à droite et à gauche. Elle me propose un cachet, je le laisse fondre sur ma langue. Tu m’en voudras plus tard. Je sens la douleur qui goutte sur le sol, je n’ai plus à avoir peur. Je peux perdre le contrôle, je peux te perdre de vue, tu me retrouveras toujours. Je t’en prie ne me laisse pas je pense en embrassant la jolie blonde. J’ai la tête qui tourne, le vertige c’est sans doute le prix des vies les plus tranchantes. J’entends des cris, ça doit être grave pour qu’ils arrivent à couvrir la musique. La blonde se détache, je ne sens plus sa chaleur, je m’obstine à danser encore un peu, les yeux fermés. Lorsque je les rouvre, je vois que tout le monde s’est écarté, il n’y a que toi et moi au centre du cercle. Tu tiens tes mains devant toi comme si elles t’intriguaient. Avec les stroboscopes, je ne vois bien.
La musique s’éteint, les spots blancs sont allumés, dommage on s’amusait si bien. Le sang sur tes mains, c’est le tien ?
Je t’entraine dehors, on rentre à la maison. Tu m’expliqueras plus tard.

Dimanche 17 avril 2011 à 19:09

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Je sais ce que tu as fait pour moi. Tu crois que je l’ignore, mais je te connais par cœur. Bastien ne sait pas ou peut-être qu’il s’en doute. Tu sais comment il est : très loin des réalités de ce bas-monde.
Je me souviens, quand Bastien a emménagé chez nous. C’est vrai que l’appartement était trop grand pour nous deux, et puis confusément je me disais que comme ça il y aurait quelqu’un pour nourrir les chats quand tu aurais une crise et que nous devions aller à l’hôpital.
Notre petit ménage a fait long feu. J’avais le sentiment d’avoir enfin trouvé un équilibre : d’un côté, un petit ami aimant, la tendresse, mon Roméo. Et sous le même toit, celui avec lequel je pouvais parler pendant des heures, débattre, celui qui m’apprenait et m’ouvrait sans cesse les yeux, mon Sartre, mon double. Mais un équilibre trop parfait ne peut pas durer toujours.
C’était un matin ordinaire, tu devais être à l’hôpital, à passer des examens, j’étais dans la cuisine, j’essayais désespérément de communiquer avec Bastien, il avait les yeux dans le vague. Et il m’a embrassée. Comme ça. D’abord trop interdite pour réagir, j’ai fini par le repousser doucement, non pas parce qu’il ne m’attirait pas mais par respect pour toi.
De toute façon, j’étais persuadée que c’était une de ses absences, l’incident était clos.
Je n’aurai jamais pensé qu’il t’en parlerait, comme si c’était signifiant. Et je n’aurai jamais pensé que tu en plaisanterais avec moi, comme si tu n’étais pas jaloux, comme si ce n’était pas important. Comme si tu nous encourageais. Je ne sais pas ce que tu as dit à ton cousin, mais je devine que ça devait être quelque chose de flatteur comme « difficile de résister à une telle femme » entre l’indulgence et l’amertume. Alors on a cédé, lui et moi. Voilà comme tu as, délibérément j’en suis sûre, encouragé une nouvelle idylle sous ton toit. C’est vrai que ce n’est pas grand-chose : la plupart du temps ne semble pas me voir. Mais tu ne peux pas ne rien avoir vu. Tu ne peux rien ne rien savoir. Certains de tes regards, parfois… comme amusé. Alors j’essaye de me convaincre qu’au fond c’est toi qui l’as voulu. Si j’étais tout à fait digne de toi, je partirai. Mais te laisser maintenant, ce serait encore pire. C’est vrai que c’est un réconfort, quand tu as une crise et que tu passes la vie à l’hôpital. Alors pourquoi je me sens si mal ?

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